Janvier 2020

La lune était pleine, ce soir. Elle brillait et de son manoir légèrement en retrait, dans les montagnes, Lawrence pouvait l’admirer pleinement. Alors qu’il se préparait presque paresseusement et avec pourtant beaucoup de soins dans sa grande chambre à coucher, tendant l’oreille pour s’assurer que ses ouailles allaient bien, le vampire était baigné dans la douce lumière de l’astre lunaire. Ce soir, les festivités battraient leur plein à Gangnam et c’est là qu’il se dirigerait bientôt, plus précisément au casino Seven Luck. Il avait incité ses petits à y participer, quoique Tae Min n’ait pas eu besoin d’être beaucoup poussé et Lawrence se demandait bien pourquoi, mais n’avait pas posé la question, décidant plutôt d’observer sur place ce à quoi son fils s’adonnerait. Pour sa part… eh bien c’était une bonne raison de laisser les complets sur mesure de côté et de mettre des vêtements qu’ironiquement, de son temps, il n’avait jamais porté. Trop riches…

Pour l’occasion, il était allé la veille chez une excellente coiffeuse. Poser dans ses mèches noires ces longues rallonges n’avait pas été donné mais le résultat lui plaisait énormément. Ses cheveux raides tombaient en cascade ordonnée dans son dos, jusqu’au rebond de ses fesses pour le caresser subtilement. Ce soir, il avait ramené une partie de ces longues mèches en un petit chignon sur le dessus de son crâne, retenu par de magnifiques bijoux d’or blanc. Avec le rouge éclatant de sa tenue somptueuse, Lawrence aurait pu, voire dû opter pour de l’or jaune, mais il n’avait pu s’y résoudre. Tous ses bijoux étaient en or blanc. Mais à son avis, ça faisait davantage ressortir la soie sans prix de son costume traditionnel chinois. Riche, princier même… Il était vêtu comme un empereur l’aurait été, probablement. Une longue cape complétait sa tenue. Les broderies sur celle-ci avaient pris des mois à faire, à la main.

Il avait donné la touche finale assez rapidement : maquillage léger, long regard en amande soigneusement souligné de khôl, lèvres un brin glossées sans trop… Il n’avait pas touché à son teint, qui n’avait rien perdu de l’époque où il travaillait au soleil. Un peu de parfum pour ceux qu’il laisserait s’approcher (soit personne) et finalement, il était prêt à partir…

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« Merci. »

La voix de Lawrence était dénudée de son habituelle arrogance alors qu’il s’adressait à Yuan, qui l’avait complimenté sur sa tenue. Il lui rend d’ailleurs le compliment. Son père avait l’air d’un guerrier de l’ombre, mais avec ce petit côté princier qu’il lui avait légué, qu’il veuille l’admettre ou pas. Lui aussi avait de toute évidence mis beaucoup de soins dans sa tenue. Ils étaient faits du même bois, n’est-ce pas ? Autour d’eux, la fête battait déjà son plein. Pourtant, ils étaient arrivés presque en même temps, tout juste. Ils étaient du genre à se faire désirer. Lawrence ne reste pas néanmoins parce que déjà, on lui ravit l’attention de Yuan et pour sa part, il ne voulait trop discuter affaires ce soir. C’était si rare qu’il s’octroyait ce congé… Il comptait s’y tenir. Alors il s’éclipse discrètement. Parle peut-être un peu avec une ou deux personnes sur son chemin, prend un verre de nectar carmin en passant et finalement, il déboule dans un des salons privatifs de l’endroit. Vide.

Du moins, jusqu’à ce qu’il entende qu’on ferme la porte derrière lui. Il n’était vraiment pas attentif. Il s’était fait surprendre.

« Ce qu’il manque à cet endroit, c’est d’être entouré d’un grand jardin. Mais, ce serait beaucoup demander pour un établissement de Gangnam, sûrement. », fait remarquer Lawrence au nouveau venu. Coupe en main, il se retourne… et cesse net de bouger aussitôt que son regard s’encre dans celui du nouveau venu. Une mine gouailleuse. Des airs satisfaits alors qu’il n’y avait eu encore aucun échange. Peut-être la satisfaction de l’avoir surpris une nouvelle fois… et quand le verrou est poussé, le « clic » caractéristique se faisant entendre, Lawrence se crispe un peu. « Toi. »

Son regard glisse lentement sur la silhouette masculine et solide. Il ne pouvait mentir : Jang savait comment porter l’uniforme militaire. C’était celui d’un autre siècle, forcément… Coréen, celui-là. Lawrence le reconnaissait pour l’avoir vu porté par des hommes lorsqu’il était encore d’actualité. Les Coréens avaient toujours eu le chic pour habiller leurs hommes… C’était probablement un choix par dépit. Les moyens n’étaient sûrement pas au rendez-vous… Mais c’était un choix judicieux. Non seulement parce qu’il mettait en valeur tout ce que Jang avait de plus masculin. Alpha, si Lawrence pouvait se permettre… Mais aussi parce que ça représentait probablement bien son appartenance à une caste militaire très à part.

Pour se ressaisir, ou peut-être pour faire passer inaperçu le petit stress qui s’était pris de lui, Lawrence prend une gorgée de sang. Avait-il observé Jang trop longtemps ? Il se convainc que non. Posant la coupe sur la table d’appoint qui se trouvait juste à côté de lui, Lawrence fait remarquer :

« C’est une bien mauvaise journée pour qu’un membre de l’Ordre décide d’enfermer un membre du conseil… Qu’est-ce que tu me veux, Jang Ahn Jae ? »

Il a un petit signe de la tête pour la porte que bloquait toujours l’homme. Pas que Lawrence soit vraiment coincé ici, hein… Ils le savaient tous les deux. Mais disons que la symbolique du moment était toute autre. Et important pour un homme comme lui qui avait passé sa trop longue vie à conserver les meilleures apparences possibles. D’ailleurs, Lawrence sentait qu’elles allaient rapidement lui échapper s’il ne faisait pas quelque chose pour les retenir au plus vite…

« Je dois y aller. Je suis attendu. »

Une excuse minable sortie d’une voix tranchante, mais qui ne camouflait pas du tout le mensonge, alors que Lawrence ne bouge pas d’un pouce…

Attention, à partir d'ici le langage risque d'être très cru et, rapidement, le sexe très explicite. Si vous lisez quand même, vous ne pouvez pas vous en plaindre, merki !



Ahn Jae n’était pas convaincu à proprement parler par cette fête du centenaire. Disons qu’il était mitigé… Sûr que pour la majorité des gens, les feux d’artifices, les lampions, les déguisements et même le tirage au sort serait une occasion d’avoir une vision pacifique d’un évènement qui avait pourtant eu bien des aspects tragiques. En ce sens, cette fête était une bonne chose. C’était comme mettre du baume sur une plaie. Mais pour d’autres, pour ceux que la cohabitation n’avait jamais convaincu, ça pouvait également ressembler à un affront… Et Ahn Jae redoutait un peu la fureur et la frustration de ceux là, le moment venu… Dans quelques jours, lorsque le poison dans leurs esprits les aurait totalement gangrenés.

Mais il ne fallait pas y penser ce soir. Même lui s’était mis sur « off » et aucune chasse n’était prévue avant plusieurs jours maintenant. Ses maigres moyens ne lui avaient pas permis de miser sur un costume trop luxueux ou quoi… Alors Ahn Jae s’était contenté de faire un tour dans un vieux surplus militaire de la première guerre. Il s’en était vêtu de pied en cape et le côté positif c’est que dans le fond, dans ce costume, il pouvait utiliser chaque pièce indifféremment des autres sans avoir l’air de se costumer. Une bonne façon de ne pas jeter l’argent par les fenêtres en achetant une tenue qu’il ne porterait qu’une fois, en sommes !

Ahn Jae avait participé à la procession qui avait déambulée à travers la ville, lampion à la main. Et une fois arrivé au casino il en avait profité pour fureter à droite et à gauche, profitant d’un luxe qui d’ordinaire ne lui était pas vraiment accessible !

C’est un peu comme ça que la chance et le destin s’étaient alliés ensemble pour mettre sa petite impératrice de Chine sur son chemin. Ahn Jae aurait pu la reconnaître rien qu’à la rondeur en forme de cœur de ses jolies fesses mais il lui en avait aussi vu le profil altier. Han Lawrence n’avait pas fait dans la demi-mesure niveau costume. Il était princier et s’était fait poser des extensions, à moins qu’il ne s’agisse d’une perruque ! Ahn Jae prévoit déjà de l’aborder mais la souris se sauve… Jusqu’à son propre piège… ! Lorsqu’Ahn Jae disait que parfois il pouvait être béni des dieux, on en avait quand même la preuve  ce soir à son avis !

Il entre donc à la suite de Lawrence dans une sorte de salon ou de boudoir… Pas très grand mais toujours plus que son « chez lui » on s’entend. Il vient refermer la porte d’un tour de clef pendant que Lawrence lui fait la conversation sur le luxe supplémentaire qu’il aimerait attribuer aux lieux… Et lorsque le vampire se retourne finalement vers lui et le remet, Ahn Jae fait semblant de faire une sorte de révérence tout en confirmant :

« Moi. »

L’humeur de Lawrence semble changer mais vu tout son orgueil et l’air qu’il savait si bien brasser, si Lawrence avait réellement voulu partir sans entendre ce qu’il avait à dire, il aurait déjà passé cette porte, quitte à forcer le passage !

« Mais je ne t’enferme pas, beauté. »

Et désignant la porte, ou plus particulièrement la serrure et la clef encore à l’intérieur, il précise donc :

« J’empêche les autres de rentrer. Nuance. je profiterais seul de ce corps superbe que tu exposes ce soir au regard de tout le monde. »

Lawrence fait ensuite son impératrice fière, faisant mine de prendre congé sans pourtant faire le moindre pas. Éloquent, à son avis… Ahn Jae prend donc tout son temps pour aller jusqu’au centre de la pièce, près d’un grand fauteuil luxueux dans lequel il se laisse tomber, réclamant :

« Sert moi un verre. Un whisky. »

Son regard se pose sur Lawrence, souffrant peu la réplique alors qu’il demande :

« Ne m’oblige pas à répéter. J’ai dis sert moi un verre. Et pas dans dix ans. »

Il était prêt à créer toutes les décharges électriques possibles dans ce joli corps là. Et histoire d’annoncer la couleur :

« Tu te souviens ? Je t’avais dit que tu me sucerais dans une semaine. »

A un ou deux jours près, on était justement une semaine plus tard…

« Je commence à durcir rien que d’y songer. Et toi qui pose des extensions pour que je te tire les cheveux, en plus... »

Il préférait Lawrence avec sa coupe plus « moderne » mais il pouvait reconnaître les bienfaits d’un petit jeu de rôle de temps en temps.

« Et puisque nous sommes seuls, si tu es sage je te prendrais si fort que tu devras y mettre tout ton orgueil pour ne pas boiter en sortant d’ici... »

Ahn Jae ricane, soupirant finalement d’aise :

« J’ai rêvé de toi, les draps s’en souviennent encore… Et ma queue de ta bouche de suceuse. Pourtant je suis prêt à parier que c’est encore meilleur dans la réalité. »

Ahn Jae avait toujours été doté d’une classe incroyable.

Lawrence croyait pouvoir se vanter d’être le genre d’homme qui, quand il entrait dans une salle de réunion et ouvrait la bouche, captivait l’attention des gens et prenait immédiatement une certaine position de domination dans la conversation. Il devait admettre avec une certaine grogne que Jang Ahn Jae avait cet effet… puissance mille. Il ne comprenait pas comment il pouvait le faire avec autant d’assurance et de succès alors qu’il n’était encore qu’une petite poussière sur la longue ligne de vie de Lawrence. Le regard du vampire se décroche presque à contre-cœur du visage de l’homme alors qu’il lui parle du verrou. Effectivement. Il voyait le mécanisme qui permettait de déverrouiller de l’intérieur. À l’extérieur, il était probablement nécessaire d’avoir une clé magnétique. Mais eux, ils n’étaient pas bloqués. Juste en retrait. Protégés. Lawrence en revient à Jang, qui semble beaucoup trop s’amuser de cette situation.

Il n’avait même pas relevé ce « beauté », le genre de truc qu’on n’osait jamais lui dire en général. Par contre, le membre de l’Ordre en rajoute de façon beaucoup plus directe et Lawrence claque sa langue contre son palais en signe d’agacement, son regard brillant brièvement d’une lueur qu’il veut menaçante.

« Tu ne profiteras de rien du tout. », fait Lawrence, détachant chacune de ses syllabes en espérant que cette fois, Jang comprendrait ces mots tous simples mis bout à bout. Ce serait tellement plus facile s’il prenait ces refus pleins de curiosité sans y voir la curiosité, justement… Qu’il tourne les talons. S’excuse. Ne revienne jamais. Mais bien sûr, ce n’était pas le cas. Jang était un prédateur… Lawrence en avait déjà vu des hommes comme ça. Peu. Mais il avait vécu longtemps. Jamais aucun n’avait été intéressé par lui et il n’aurait pas cru que ça puisse arriver… « Ce que tu vois n’est pas un buffet à volonté. Il faut le mériter… et ça fait 12 siècles qu’on me déçoit. »

Mais n’était-ce pas justement ce que Jang était en train de faire ? Le mériter ? Parce que le voilà qui avance sans se presser jusqu’au centre de la pièce, où il semblait appartenir. Lawrence le suit du regard. Le voit s’asseoir, maître de ce domaine éphémère et illusoire qui ce soit, ne semblait contenir qu’eux deux. S’il y avait un jeu, Lawrence n’en connaissait pas le nom alors que Jang Ahn Jae en avait lui-même écrit les règles. Un verre lui est demandé. Ordonné, plutôt. Lawrence se tend, serrant les dents, seule façon que son corps a de refuser de façon trop spontanée de répondre à cet ordre. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Le vampire ouvre la bouche pour protester, pour manifester une colère qu’il avait lui-même du mal à allumer pleinement, lui qui était pourtant si doué pour en vouloir au monde entier.

Puis, l’homme réitère et lui tourne les talons… pour se diriger jusqu’au mini-bar du salon privatif dans lequel ils se trouvaient. Si on lui demandait, il en mourrait de honte. Mais personne n’allait demander parce que personne n’allait savoir. Ses mains s’activent normalement sur ces verres. Pas une goutte de renversée. Pourtant, son esprit est en effervescence.

« Je ne sais pas comment j’aurais pu oublier une telle offense. », fait remarquer Lawrence, toujours dos au chasseur. Il se retourne néanmoins sur ces paroles, son regard sombre s’ancrant à celui de l’homme. Peut-être que sa démarche se fait plus chaloupée alors qu’il s’approche pour lui tendre le verre. Juste un peu… Aux paroles indécentes, son regard glisser du visage si sérieux et si sûr de lui de Jang pour s’arrêter pile sur son entrejambe. Les vêtements militaires camoufleraient un gonflement subtil de l’anatomie qu’ils couvraient. Pourquoi brûlait-il soudainement de savoir s’il embellissait ou s’il disait vrai ? « Ah. Je vois. Grand parleur… »

Petit faiseur. Tout le monde connaissait cette expression qui tenait plus de l’insulte qu’autre chose. Il le mettait au défi. Peut-être parce que Ahn Jae réveillait chez lui ce qui sommeillait depuis plus d’un millénaire… Il serait toujours temps de s’en vouloir plus tard. S’en vouloir d’avoir provoqué ce petit jeu, à défaut d’avoir complètement cédé. Pas encore. Pas pour le moment.

« Tu es si frustré que tu en es rendu aux rêves érotiques et ils te comblent à ce point ? Comme c’est mignon… Tu es encore jeune, après tout. », siffle Lawrence entre ses dents, sa petite langue de vipère faisant toujours des miracles. Pourtant, Jang ne semblait pas être le genre d’homme à se laisser insulter ou à le prendre au sérieux. Allez savoir… « Cette jeunesse est dépravée… Il est loin le temps où un homme prenait une femme pour épouse et lui faisait des enfants. Vos lignées faibles vont s’éteindre avec vous. »

Ce disant, Lawrence fait un nouveau pas vers Jang, tout près du fauteuil à présent, son regard bouillant de… désir. Ce qu’il n’admettrait jamais. En tout cas, c’est encore ce qu’il pensait. Ses reins, eux, bouillaient aussi et finalement, il se penche, posant ses mains sur chaque accoudoir du fauteuil, ouvrant juste assez la bouche pour découvrir ses crocs.

« Tu es certain d’être assez courageux pour me demander de me mettre à genoux ? Si je mords, je ne suis pas certain que tu t’en relèveras… »

Une menace qui suffirait à faire fuir n’importe quel homme…

Elle peut bien menacer en lançant des éclairs de ses jolis yeux bridés, la petite vipère… ça n’impressionne pas Ahn Jae qui à cet instant précis se sent parfaitement dans son élément. Evidemment il y avait toujours une part de risques mais il lui semblait avoir déjà pas mal réussi à cerner la bête pour pouvoir la dompter. Puis ce qu’il ajoute finit de le conforter dans son idée tellement ce qu’avait ajouté Lawrence sonnait comme un « continu ! » à moitié hurlé à ses oreilles ! Un pseudo défi qu’Ahn Jae avait déjà prévu de relever de toute façon… Qu’il était même présentement en train de relever ! Mais parce qu’il voulait aussi un peu punir ce mauvais caractère avec amusement, Ahn Jae demande :

« Parce que tu crois que tu es un cadeau ? Que tu me mérite ? »

Il a un petit rire, ne cherchant pas à nier son propre intérêt… Mais c’était histoire de prendre aussi un peu la main… ! De fait :

« Tu vas devoir me prouver que tu mérites que je te fasse tous les outrages. »

Le bon point pour le vampire c’est qu’en allant chercher son verre tel que demandé, il était déjà pas mal sur la bonne voie ! Ça permettait également à Ahn Jae de tester un peu la résistance de l’autre homme, son bon vouloir… Il avait un truc pour jauger les gens. Et puis son côté ultra-dominateur avait appris à repérer les signes… Les opportunités comme les échecs en devenir. Là c’était clairement une opportunité !

Quant à l’offense, Ahn Jae rectifie :

« Le privilège. »

Il ne s’offusque pas ensuite… Cette petite pique qui se voulait assassine. Ahn Jae n’avait sûrement pas à se justifier, il savait parfaitement de quoi il était capable et son regard chafouin à l’encontre de Lawrence était sûrement éloquent à ce sujet. Ceci dit, après un petit ricanement presque canin, Ahn Jae fait remarquer :

« Il me semble que j’en ai déjà fait pas mal, pour un grand parleur. »

Et en peu de temps ! Quant à être comblé par quelques rêves humides, Ahn Jae vient tremper ses lèvres dans son verre.

« Parce que tu es comblé par quoi que ce soit, toi ? Laisse-moi en douter. »

Lui éprouvait un plaisir réel, au moins ! Lawrence était l’archétype de l’homme qui n’a jamais eu ce à quoi il aspirait sans peut-être même le savoir. Ça lui transpirait par tous les pores de la peau et à ce chapitre ils ne jouaient clairement pas à égalité…

« Je suis jeune mais j’ai tellement mieux profité de ma sexualité que toi. »

Quant à la pérennité de l’espèce, tout ça… Ahn Jae hausse les épaules.

« Et paradoxalement la population humaine va en s’accroissant. Tu n’en as pas fini avec tes imbécilités ? Si tu pouvais voir ce que je vois, tu te verrais tout fébrile, brûlant d’un désir ardent que tu peines à contenir. A te voir me lorgner l’entrejambe, si je débraguettais, je pourrais croire que tu te jetterais dessus goulument. »

Quant à la menace… Elle finit par faire éclater de rire le membre de l’Ordre !

« C’est toi qui es un grand parleur là… Si tu faisais ça, tu n’aurais pas ce que tu veux. »

Ahn Jae se relève… Vient défaire la braguette de son uniforme… Fouille un peu sous son vêtement jusqu’à en extirper son sexe. Il se savait imposant, c’était une petite fierté toute masculine qu’on tous les hommes quoi ! Il se plaît à tremper brièvement son membre dans son verre d’alcool avant d’ordonner :

« Mets-toi à genoux maintenant, j’en ai assez de t’entendre. »

Son ton souffre assez peu la réplique pour tout dire. Il en avait réellement assez de discuter.

« Viens goûter un peu de ce très bon alcool… »

Sa main libre vient dans la nuque du vampire d’un mouvement ferme, faisant pression sur sa nuque pour qu’il s’exécute, commençant déjà à lui tirer un peu les cheveux.

« Allez dépêche-toi. Et si tu dois t’adresser à moi, à partir de cet instant tu dois m’appeler maître… »

Son regard accroche celui tout en amande longue, cherchant à bien lui faire comprendre que ce n’était ni une blague, ni une suggestion.

Des hommes comme Kim Ahn Jae, on en croise un dans notre vie. Si on a de la chance. Et pour Lawrence, ça aura pris douze vies… Il ne savait de toute évidence pas où chercher, ni qu’il avait terriblement envie de chercher. Toute cette belle attitude, cette effronterie mesurée, ce sentiment tangible d’avoir le droit à ce qu’il exigeait… Ce n’était pas l’attitude d’un membre d’une sous-classe comme l’Ordre. Lawrence peinait à décortiquer correctement Ahn Jae parce qu’il avait les sens brouillés par son propre combat interne. Une chose de sûre : il le vexe profondément à nier l’immense privilège qu’il aurait eu à l’avoir entre ses draps ! De toute évidence, Lawrence n’en était plus à simplement s’outrer de la forme, déjà…

« Oui. », crache Lawrence comme un chat aurait feulé. Oui, il croyait le mériter. Et oui, il croyait être un véritable cadeau pour Kim, pour peu qu’il cède un jour, ce qui était complètement dingue rien que d’y penser. Et même sans y penser… Mais ça, il avait besoin que l’homme le reconnaisse. Parce que s’il pensait à s’abaisser, c’était au minimum pour quelqu’un qui se trouvait chanceux qu’il le fasse ! « De toute façon, je suppose que tu n’es pas bête au point de faire cet affront à un membre du conseil des cinq sans le désirer fortement. »

Le ton était sec. Mais Lawrence était sûr de ce qu’il avançait. Kim ne pouvait pas être bête à ce point-là, non ? Par contre, il avait raison : il en avait fait beaucoup pour un prétendu grand parleur. Lawrence laisse son regard glisser sur la silhouette solide, faite pour s’attaquer à plus fort que lui.

« À mon époque, on ne se laissait pas aller à des actes aussi barbares par simple envie. », déclare soudainement Lawrence. C’était probablement faux et même lui le savait. Mais en tout cas, on s’en vantait clairement beaucoup moins ! Mais ça expliquait son inexpérience passée… quoique ça n’explique pas celle présente. De toute façon, lui-même commence à être fort loin de l’argumentaire principal. Ça se voit à son regard étrangement fuyant. À son ton moins tranchant. Il suit attentivement la main de l’homme alors qu’elle se glisse entre les couches de vêtement, mais surtout lorsqu’elle extirpe habilement un membre aux proportions enviables. « Je te hais. »

Du plus profond de son âme. Mais Lawrence a un nouveau regard pour la porte. Fermée, verrouillée. Ils étaient seuls. Un rapide regard à la ronde lui permet de s’assurer qu’il n’y a pas de caméra indésirable dans le coin. Vraiment entièrement seuls. Lentement, il lève ses longues mains au niveau de ses épaules carrées. Il défait les attaches de sa cape pour la laisser tomber à ses pieds. Qu’est-ce qu’il faisait, hein ? Il avait l’impression de sentir son cœur battre dans sa poitrine. Mais le ton de Kim était tranchant. Assuré. Impératif. La cape bruisse. S’arrête de bouger après un temps qui lui semble infini. Le vêtement traditionnel dévoile sa silhouette masculine, mais en sablier. Il fait le dernier pas vers Kim. Puis il se met à genoux.

Son regard traîne un instant sur le beau visage fermé, grave. Kim pouvait l’instant d’avant avoir des airs de clown, puis celui d’après, ceux d’un grand chef. Son regard suit ce membre viril qui se pare de l’alcool hors de prix que tenait Kim. Savait-il à quel point il était précieux, ce liquide ? Il sent une main dans sa nuque et la repousse vivement. Son regard se relève vers la tempête de celui de Kim. Mais il lève ses mains pour défaire le bijou qui retenait une partie de ses cheveux sur le dessus de ceux-ci. Il n’était pas complètement innocent… Il savait ce qui allait advenir de sa coiffure. D’ailleurs, lorsque le bijou est au sol et que ses cheveux tombent librement sur ses épaules, dans son dos, léchant la naissance de ses fesses, Lawrence cesse de repousser Ahn Jae.

Il sent l’impatience de l’homme dans la façon dont il vient chercher à nouveau sa nuque. Lawrence se penche, s’oubliant un peu alors que sa main se referme sur le membre humide. Il entend, mais ne répond plus. Il avait craqué et il n’était intéressé que par ce pour quoi il avait craqué, soudainement. Sa main se referme sur le membre déjà à demi tendu. Il le sent brièvement pulser dans sa paume. Cette pulsation devient un instant frénétique lorsque le vampire se penche, glissant sa langue le long de la hampe de l’homme, y récoltant à la fois des arômes d’alcool et ceux propre à Ahn Jae. À ce moment, aurait-il voulu reculer qu’il ne l’aurait pu. Il était déjà trop tard. Il avait cédé entièrement. Ses lèvres s’invitent sur le gland, s’entrouvrent en une brève caresse pour être remplacées par une langue aventureuse qui s’y enroule légèrement.

Il n’est pas surpris de cette main dans ses cheveux, main qui les tire juste assez pour lui arrache un gémissement d’objection qui, ironiquement, donne davantage envie à Lawrence. Envie de cet homme et de ce qu’il lui avait promis. Envie de ce qu’on s’était toujours refusé à croire qu’il voulait. Sauf Kim, bien sûr… Alors il l’enfonce entre ses lèvres, sensuellement. Son regard remonte jusqu’à l’homme qui, dans leurs jeux dangereux, désirait être appelé maître. Il réalisait avec effarement que laisser le contrôle à quelqu’un d’autre au moins pour cet aspect de sa vie le libérait d’un poids immense. Demain, il aurait honte. Pour le moment, il savourait ce membre puissant qui lui donnait mal à la mâchoire, qu’il sentait bouillant contre son palais et qui s’enfonçait un peu dans sa gorge à chaque mouvement, qu’ils soient volontaires ou ordonnés par l’impatiente main dans ses cheveux.

Lawrence glisse les doigts d’une main sur les bourses de l’homme, entamant en même temps un mouvement de va-et-vient plus rapide, cadencé. Gémissant à chaque fois qu’il le sens bouger sous lui, s’impatienter. Son propre corps s’engourdit alors que la lave du désir submerge ses reins. Lawrence ferme les yeux. Il retire Ahn Jae d’entre ses lèvres. Juste assez longtemps pour relever la tête vers lui.

« Alors, est-ce que je vous mérite… maître ? »

Seigneur. Demain, il allait vraiment, vraiment avoir honte… Mais ce soir, c’était bon. Il aurait presque été capable de désobéir ne serait-ce que pour avoir une bonne correction. D’ailleurs, il ne l’avait toujours pas repris en bouche…

Ahn Jae avait eu un petit sourire un brin moqueur. Celui de l’homme qui, peu importe la réponse, n’était pas perdant. Lawrence, face à lui, était bien assez intelligent pour le savoir… Mais sa petite furie lui interdisait de laisser cette question sans réponse… Il redore un peu son blason, ne manquant pas de lui redonner son « titre » dans leur société… Et Ahn Jae appui encore sur les bons boutons (même si tout le monde les jurerait mauvais) en affirmant :

« Homme d’affaire et membre du Conseil officiellement… Putain de luxe venue de Chine pour mon bon plaisir officieusement… »

Sur un ton aussi joueur, amusé et assuré que celui de Lawrence avait été venimeux ! Il y a un adage qui dit qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre… Ahn Jae n’était pas d’accord en ce sens qu’il existait sûrement bien quelques mouches pour aimer ça… Et celles-là avaient toujours eu sa préférence ! Quant aux actes « barbares », Ahn Jae a un regard mi-ennuyé mi-blasé pour l’autre homme. Ils savaient tous les deux que c’était probablement faux. A ce détail prêt que tout le monde fermait les yeux et faisait comme si de rien n’était. A un autre détail prêt également…

« Mais là ce n’est pas du domaine du viol ou de l’agression. C’est de celui du plaisir des sens. »

Alors il peut jurer le haïr si ça lui fait du bien, Ahn Jae sait bien de quoi il retourne. A cette première œillade pour la porte il sait déjà qu’il n’aura pas à argumenter beaucoup plus et lorsque le vampire se met à genoux, il a un soupire d’aise et de satisfaction. Du moins jusqu’à être repoussé… Ceci dit les raisons sont louables. Ahn Jae aimait les cheveux courts. Il n’aurait pas su dire pourquoi. Parce que la prise y était plus difficile peut-être ou parce qu’il voyait mieux sa prise sur la poignée… Mais de temps en temps, une chevelure abondante savait aussi flatter le moment et ainsi mise en avant, c’était clairement le cas ce soir…

Il sent les doigts de Lawrence se poser sur son appendice… Puis sa langue… Et si Ahn Jae grogne encore, ce n’est que de plaisir… Celui de l’instant présent comme celui qu’il éprouvait par anticipation ! Le voilà donc qui suce avec une gourmandise qui lui fait en prendre davantage à chaque fois qu’il revient le prendre goulument. Dieu bénisse le fait que les vampires n’aient pas besoin d’air… ça lui permet d’en réclamer plus de quelques pressions sur la tête du vampire. Ho c’est vrai : il pouvait néanmoins s’étrangler mais l’entendre à deux doigts d’en être rendu là ne fait qu’exciter davantage la situation, lui semble-t-il.

Malgré sa colère des premiers instants, il est évident que Lawrence y prend du plaisir. Il le voit dans son joli regard nuit, à la façon qu’il a de se tenir aussi… Parce que l’attitude carrée et droite devient plus ronde, plus sensuelle. Les hommes qui savaient l’adopter si facilement, sans même y penser, étaient rares. C’était un « truc » plus féminin. C’était rare et il avait toujours aimé les jolis bijoux.

Le summum, c’est lorsqu’obéissant à ses ordres précédents, Lawrence l’appelle « maître ». Ça crée un petit arc électrique le long de ses reins et Ahn Jae vient s’empoigner pour poser son sexe sur le visage de son presque-amant, en une caresse sexuelle et très explicite sur son plaisir, sûrement.

« Tu es une bonne petite poupée de Chine… Tu mérites que je te baise comme une chienne contre la table basse, dans quelques instants… Mais suce encore un peu… »

La poésie avait toujours été un grand talent chez lui… Mais dans le « jeu » qui était le leur, même s’il avait su être plus romantique, ça n’aurait pas convenu. Il y avait un rôle de dominance et de puissance entre eux… La douceur avait peu de place. Le respect, en revanche, ne devait jamais manquer.

Ahn Jae réinvite d’un mouvement de la main son partenaire à reprendre ses caresses linguales, exultant de quelques râles de plaisir… Il n’est pas loin de l’orgasme déjà lorsqu’il s’expulse de lui-même des jolies lèvres rondes.

« Tu m’avaleras une autre fois beauté. Là tu vas te retourner contre la table. »

Il l’y invite encore, d’un mouvement un peu brusque sur son épaule… Mais les vampires pouvaient en prendre et à son avis, Lawrence n’avait pas l’habitude qu’on joue à ce jeu de force avec lui. C’était nouveau et électrisant, n’est-ce pas ? Ahn Jae se penche, débraguette Lawrence non sans lui avoir pris les poignets pour lui placer les mains un peu plus loin sur la table, contre les rebords, qu’il s’y agrippe.

Défroqué, Ahn Jae se plaît un instant à lui écarter les deux fesses de ses doigts, à en taquiner l’anneau de muscles qui n’hésite pas à se contracter. Il allait le sentir passer s’il appréhendait autant… Mais Ahn Jae n’avait que peu de scrupule là… Niveau maladies ils avaient de la chance : Lawrence ne pouvait pas attraper quoi que ce soit ni lui refourguer quoi que ce soit… Le bon côté d’un match avec un vampire !

De fait, Ahn Jae se positionne sans plus attendre, profitant d’être encore lubrifié de salive.

« Supplie-moi… »

Il ricane… Puis grogne lorsqu’il obtient ce qu’il veut, s’enfonçant profondément dans une intimité qu’il se sait en train de dévierger…

« Et tous tes cris seront couverts par les bruits de la fête… »

En se penchant à l’oreille du chinois il ajoute dans un grondement de plaisir :

« Dis-toi que je ne t’ai mis que la moitié, joli cœur… »

Juste avant de venir se plonger entre ses reins jusqu’à la garde, sentant son bassin épouser la rondeur des fesses blanches de son, à présent, amant pour de bon.

« Vampire… Tu peux en prendre… Mais je te promets que tu vas te souvenir de mon passage toute la soirée ensuite… »

Et sur ce, avec une ardeur quasi sauvage, Ahn Jae s’emploi à faire voir quelques étoiles à Lawrence. Chaque mouvement de rein rapide lui coûte pas mal d’énergie mais les réactions du corps sous le sien le valent allègrement. Il allait lui laisser un souvenir impérissable, lui prouver qu’il n’était pas du tout du genre « grand parleur, petit faiseur » et lui donner envie de le supplier à l’avenir de le prendre encore…

« Rappel-moi qui tu es ? »

Pas son nom, non… Mais Lawrence avait compris non ? Il était sa putain. Sa putain chinoise… L’objet de tous ses désirs ce soir et le réceptacle de la lave qui allait se déverser de ses reins aux siens…

Un titre insultant lui est donné. Du moins, Lawrence aurait dû être insulté… mais il ne l’est pas. En partie parce que ça là, maintenant, tout de suite, ça parle à sa libido. Mais aussi parce que d’une certaine façon, Jang le replaçait dans la société en lui conférant des termes qui lui revenaient de droit. Pour lesquels il avait trimé dur. C’était une façon pour Lawrence de réaliser que sur la scène publique, il ne perdait rien. Mais dans sa vie intime, il y gagnait… Du moins, pour le moment, ça fonctionne… et il se permet de déconnecter, se contentant d’un simple grognement à cette histoire de viol. Il savait. Il n’était pas idiot non plus… Il pouvait bien se faire croire que c’était Jang qui forçait, la vérité c’est qu’il était indéniablement consentant. Et ils le savaient tous les deux… Mais Lawrence aimait bien cette phrase. Le plaisir des sens… Son partenaire élevait le plaisir charnel à autre chose que juste le plaisir du toucher et il aimait ça. C’était quelque chose qui l’avait probablement toujours empêché de vraiment ressentir du plaisir pendant l’acte.

C’est évident que ses caresses intimes plaisent. Ça crée en lui une petite fierté très particulière qu’il ne se souvenait pas avoir ressentie avant aujourd’hui ! Elle en rajoute à l’excitation que lui-même ressent à cette activité pour le moins inusitée. Il grogne, lance quelques petits regards furibonds alors que l’autre homme est tout sauf tendre avec lui, s’enfonçant lui-même entre ses lèvres d’un peu trop, surtout qu’il était d’un gabarit qu’on ne pouvait oublier ! Mais de toute évidence, il avait mis le feu à son partenaire, lequel se fait incroyablement sexuel avec lui. Lawrence ne referme pas entièrement les lèvres alors que le membre de Jang lui échappe, relevant légèrement le menton devant la caresse indécente, un quasi ronronnement franchissant la barrière de ses lèvres. Il tire déjà la langue alors que le membre revient près de sa bouche, jouant les assoiffés, histoire de faire bondir encore plus la libido du chasseur de l’Ordre. Bien sûr qu’il était une bonne petite poupée. Lawrence était le meilleur dans tout ce qu’il entreprenait. Il n’acceptait rien de moins que la perfection. Cette situation ne faisait pas exception.

Ahn Jae, il pouvait bien commencer à l’appeler ainsi sûrement, lui fait quelques promesses qui font bondir le cœur de Lawrence. Un cœur mort qui lui semblait si chaud, ce soir ! Malgré sa relative inexpérience avec les hommes, le vampire réalise qu’Ahn Jae va bientôt jouir entre ses lèvres. Il sent son membre pulser, entend le cœur de l’homme s’affoler. Chaque soupir, chaque gémissement, chaque grognement… rien ne lui échappe. Mais soudainement, l’homme reprend le contrôle. L’avait-il seulement perdu ? Même au seuil de l’extase, il semblait toujours savoir très exactement ce qu’il faisait… Lawrence relève un regard sombre vers le membre de l’ordre, mais c’est trop tard pour essayer de jouer les rebelles. Il se relève rapidement. Fait tomber sa tenue complexe qu’il ne croyait pas ce rustre capable de défaire lui-même sans briser, de toute façon. Son corps nu apparaît. Dans son regard, il est évident qu’il attend quand même un minimum que Ahn Jae soit soufflé. Lawrence n’avait jamais été très modeste et savait ce qu’il valait…!

Même s’il avait pu pousser l’humain pour qu’il se retrouve en une fraction de seconde à l’autre bout de la pièce, Lawrence se laisse faire, poupée de chiffon entre des mains habiles. Il se sent plus nu que jamais, ainsi cambré par-dessus la table, son intimité offerte à la vue d’un partenaire qui n’aurait pas la pudeur de regarder ailleurs, de toute évidence. Ses mains se crispent sur la table basse alors qu’il sent une pénétration encore modeste par rapport à ce qu’il allait suivre. C’est étrange… et il geint un peu, cambre les hanches davantage, pourtant ! Il hésite quant aux supplications. Mais c’est vrai : il entendait les bruits de la fête d’ici. Elle était assourdissante… et personne ne pourrait, même en mettant l’oreille contre la porte, savoir ce qui se passait ici. Ou peut-être un vampire…? Lawrence essaie de chasser cette pensée de sa tête. Mais il est évident que ça l’empêchera d’y mettre autant de voix que s’ils étaient dans un lieu privé.

Pourtant, lorsqu’il sent l’homme clairement presser autre chose qu’un doigt entre ses fesses, il geint d’impatience. Parce que c’est au tour d’Ahn Jae de faire languir ! De toute évidence, il savait comment obtenir ce qu’il voulait…!

« S’il-te-plaît, maître… », murmure le vampire, arquant les reins. « Je suis prêt ! »

Il ne l’était probablement pas complètement… et le prouvent les étoiles qui dansent soudainement devant ses yeux alors qu’il sent le membre imposant s’enfoncer brusquement en lui, trouver refuge là où jamais aucun autre homme n’avait eu accès. Lawrence oublie un instant la fête. Il hurle sa douleur. Une douleur qui, si elle le fait supplier d’arrêter dans les premières secondes, l’excite rapidement davantage. Son corps, tout en courbes qui, sans le savoir, ne servaient qu’à faciliter le rapport et aguicher son partenaire, parlait pour lui… Et quand Ahn Jae lui annonce qu’il n’a goûté qu’à la moitié de sa belle longueur, Lawrence se permet un nouveau « non » qui ne trouve aucune teinte de vérité entre ses lèvres, néanmoins… Apparemment, son compagnon le sait… parce qu’aussitôt, il lui fait refermer les mains si fortement sur le bord de la table que le bois cède un peu !

« Encore. Fais-moi mal. Rappelle-moi… »

Il voulait s’en souvenir demain ! Et s’il avait toujours cru qu’un être humain dans une position de domination sur un vampire ne pouvait lui offrir du plaisir, il réalisait qu’il suffisait de savoir choisir l’être humain en question. Chaque cri, chaque gémissement, chaque supplication que Ahn Jae lui arrache n’est pas du luxe. L’homme les mérite amplement. Il se perd dans un tourbillon de plaisir et de douleur, les deux savamment dosés, assez pour qu’il sente autant le plaisir du corps que celui d’être réellement soumis par leur petit jeu pervers.

« Je suis ta putain. Soumise à tous tes désirs ! », s’exclame Lawrence sans se faire prier, son corps semblant bondir à chaque nouveau coup de rein tant le plaisir qu’il ressentait arrivait à son maximum. « Encore. Encore. Je ferai tout ce que tu veux… Maître. »

Et ce dernier mot meurt dans une exclamation de pur bonheur qui laisse Lawrence complètement abasourdit. En plus d’un millénaire de vie, jamais il n’avait connu orgasme aussi foudroyant. Il se laisse même retomber au sol comme une poupée de chiffon que son maître peut utiliser à sa guise jusqu’à lui-même atteindre l’orgasme. Et quand il sent le membre imposant se retirer, la semence de son partenaire glissant le long de ses cuisses, Lawrence murmure :

« Encore… »

Lui qui avait osé penser qu’il résisterait sans même se forcer…

De toute évidence, maintenant qu’il s’était libéré du poids de la décision de céder à ses avances ou pas, Lawrence était prêt à lui concéder beaucoup de choses ! Cette façon de se cambrer, d’arquer les reins de manière invitante tout en lui présentant la rondeur de ses fesses… Ahn Jae avait enrouler quelques longues mèches de cheveux autour d’un de ses poings pour tirer un peu dessus, à faire mal mais sans en faire trop et surtout sans risquer d’en arracher une poignée ! Pourtant une extension se détache dans un petit mouvement un peu plus vif et Ahn Jae secoue la main pour la laisser tomber au sol. Mais dans la tignasse épaisse de Lawrence, cette nouvelle disparition était demeurée invisible.

Leurs ébats sont brefs et en même temps c’était aussi le contexte qui voulait ça. La porte était fermée mais le personnel, s’il passait par là, ne trouverait sans doute pas vraiment normal de trouver les lieux fermés ! Qui plus est Hua Feng allait gronder un peu si sa première tâche après son retour de Chine c’était de gérer le vampire propriétaire de l’endroit, du genre pas trop jouasse -son apprenti et meilleur ami pourrait ergoter là dessus un long moment!- parce qu’il avait touché aux royales fesses d’un membre du Grand Conseil ! Son ami ne saurait probablement même pas par quoi commencer à ce stade !

Quoi qu’il en soit Lawrence n’hésite pas à « tout » lui donner. Toute sa personne évidemment… Mes aussi ses supplications, ses gémissements… Tout, vraiment tout. A croire qu’il ne débutait pas vraiment dans le milieu de la domination ! Néanmoins attentif et même si Lawrence était un vampire qui pouvait encaisser et surtout rapidement soigner la moindre blessure, Ahn Jae avait, au plus fort de leurs ébats, poser sa main dans l’angle de ses anches… Histoire que le vampire ne se blesse pas en rencontrant l’arrête de la table basse. Sûr que ses jointures n’avaient que moyennement apprécié le traitement mais ça n’avait pas d’importance… Un jour -parce qu’il y aurait d’autres occasions oui!- Lawrence saurait s’éviter ce genre de petite blessure naturellement.

Il leur donne les rôles que lui-même avait déterminé… Celui du maître et de la putain chinoise et si c’était déjà un fantasme de base chez Ahn Jae, cette fois là allait rester gravée dans sa mémoire histoire de conduire sa main dans les nuits plus solitaires… Quelque chose lui disait que Lawrence aussi en garderait un souvenir assez impérissable… !

Même après l’orgasme, après s’être fait poupée de chiffon pour qu’il atteigne à son tour le climax, voilà que Lawrence en rajoute, réclame encore… Et Ahn Jae a un petit ricanement.

« Je t’avais dit que tu en redemanderais. »

Il reprend son souffle malgré tout parce qu’il venait de brûler une grosse quantité d’énergie et que l’orgasme en soit ça restait tout un traumatisme pour le corps humain hein ! D’une poche il vient tirer un mouchoir, le glissant le long d’une cuisse d’albâtre pour éviter à son partenaire l’inconfort (néanmoins séduisant) d’avoir son sperme qui lui coule le long des cuisses.

Ahn Jae vient ensuite remettre ses petites affaires dans ses sous-vêtements puis son pantalon. Il laisse à son partenaire le temps de se ressaisir un peu… Et une fois qu’il semble moins sonné il se couche près de lui, le prenant dans ses bras. Lorsqu’on avait le fantasme dominateur on en oubliait néanmoins jamais la tendresse. L’autre n’était pas qu’un objet de plaisir et la tendresse était toujours une belle récompense, même si Lawrence était du genre à s’en défendre sûrement ! Il l’attire donc pleinement contre lui, se moquant bien d’être pas mal plus petit de base ! Du bout des doigts il dessine la ligne du dos et des fesses de son amant, caressant.

« Est-ce que ça valait ces centaines d’années d’attente ? »

Bon il était un peu orgueilleux dans le sexe. L’homme en mode cliché, on se refaisait pas ! Et parce qu’il n’est pas dupe déjà :

« Ca restera notre petit secret, t’inquiète pas... »

Nouveau petit rire contre le coquillage de l’oreille de Lawrence avant qu’il n’ajoute :

« Je te laisserais mon numéro. C’est toi qui m’appellera pour que je vienne te faire ta fête la prochaine fois... »

Et rieur :

« J’amènerais un petit cadeau pour toi… Et un pour moi ! »

Disons qu’il trouverait un truc pour acheter un peu Lawrence, même si ce ne serait rien de riche vu qu’il n’avait pas les moyens… Et un truc pour satisfaire sa propre libido ! Et il savait déjà quoi là par contre !

« Tais-toi si c’est pour affirmer que ça n’arrivera pas à nouveau. Ce n’était déjà pas sensé arriver cette nuit non ? »

Alors la preuve était faite qu’au jeu des prédictions, Ahn Jae partait avec une longueur d’avance !

« Tu vas repartir en me boudant et en m’ignorant toute la soirée beauté ? Me laisser mater tes fesses lorsque tu te contenteras de m’ignorer et de me tourner le dos ? »

Pas une grosse punition s’il avait ce spectacle… !

Lawrence tourne la tête là où Ahn Jae n’était pas posé, jetant un coup d’œil à l’extension qui était tombée de sa tête. C’était paranoïaque et ridicule… mais il songe un instant qu’il avait eu de la chance de la voir. Sinon, quelqu’un d’autre aurait pu tomber dessus et savoir qu’elle lui appartenait. Pourtant, qui aurait pu savoir que c’était à lui ? Il n’était pas le seul à avoir de longs cheveux noirs, ce soir ! Et même si ça avait été le cas, comment cette personne aurait su pour quelle raison il était ici ? Il soupire, ses longs doigts se refermant sur la longue mèche de cheveux, puis il retourne la tête vers l’homme, superbe après avoir eu ce qu’il voulait. C’était presque comme si une aura de puissance l’entourait. Lawrence a un petit soupir entre envie et satisfaction. Le temps que ça durait…!

Ahn Jae réussit à le surprendre. Ça doit même se lire sur son visage, parce que le vampire oublie un instant d’enfiler son masque d’impassibilité ! Celui qu’il n’échangeait trop souvent que pour celui de la colère. Mais le voilà qui essuie avec presque délicatesses ses cuisses. Curieux, Lawrence tend le bras pour glisser le bout de ses doigts sur un bras encore trop couvert. Un autre jour. Une autre nuit, plutôt… Il allait déshabiller l’homme entièrement. Profiter de ce corps superbe, tout en force, qu’il semblait cacher. Puis, Ahn Jae s’étend près de lui, le surprenant à nouveau. Lawrence a un petit mouvement de recul accompagné d’un geste pour repousser Ahn Jae. Puis, il se détend, un peu comme un animal sauvage qui réalise qu’on ne lui veut pas de mal… et finalement, il pose sa tête contre une épaule solide, perplexe, mais pas inconfortable. Au contraire, même.

Le vampire se retourne vers son jeune amant, du moins à ses yeux, glissant un bras en travers de son torse et se laissant reposer ainsi contre lui. Il appréciait chaque caresse, chaque seconde de ce moment de douceur inespéré. Et il en était le premier surpris, l’intimité ne l’ayant jamais attiré plus que ça…

« Tu manques de modestie. », raille-t-il quand même. Mais il n’avait pas besoin de répondre directement à la question pour que Ahn Jae sache très bien ce qu’il en était, n’est-ce pas ? Il inspire doucement, le parfum de l’homme lui plaisant. D’ailleurs, il remarque : « Tu ne t’es pas injecté de Crysalis ce soir. Elle est gratuite… »

Une façon de lui demander s’il était idiot, peut-être ! Mais le membre du Conseil ajoute quand même :

« Tu n’as peur de rien, on dirait. »

Cette fois, ce n’était pas une insulte. Ça sonnait même plutôt comme un compliment à propos du caractère courageux d’Ahn Jae. S’il était trop téméraire et pas assez intelligent, il ne serait plus là dans sa mi-trentaine, vu le boulot qu’il faisait… Ça le rassure bien sûr que Ahn Jae lui assure que ça resterait entre eux.

« Il faut que ça le reste. », précise d’ailleurs Lawrence tout en relevant la tête pour croiser le regard d’Ahn Jae. D’ailleurs, en s’appuyant sur son torse, il se redresse un peu pour le surplomber. Il était très sérieux. Il n’assumait pas… « Je suis surpris que tu veuilles vraiment remettre le couvert après avoir eu ce que tu voulais. Tu n’es pas le genre d’homme à avoir une femme dans tous les ports ? Ou plusieurs… »

Il glisse doucement le bout de ses doigts sur le visage d’Ahn Jae. Ses lèvres. Ses joues. La ligne de sa mâchoire. Son front. Le long de l’arrête de son nez… Il allait vraiment finir par aimer ces moments de tendresse aussi. Il ne répond pas pour le numéro. Mais il ne proteste pas non plus, étonnamment. Il fronce toutefois doucement les sourcils à propos de ces histoires de cadeaux. Pourquoi avait-il l’impression que ça allait lui faire lever les yeux au ciel ?? Il se penche, son nez presque contre celui d’Ahn Jae, l’observant de tout près… Puis finalement, il se relève alors que l’homme lui intime de se taire ! Il a un bref grognement. Heureusement qu’il n’était plus qu’un mortel, parce que la douleur n’était pas très agréable et un peu trop présente !

Lentement, presque paresseusement, mais avec une attitude de chat toute calculée, Lawrence entreprend de se rhabiller. Un jour, il comprendrait avec un peu plus d’expérience et en connaissant mieux Ahn Jae, que c’était toujours gagnant de commencer par les bijoux plutôt que les vêtements…

« Tu as tout compris. », assure-t-il, un peu prétentieux sûrement, alors que Ahn Jae devine comment le reste de leur soirée allait se passer. « Prétends comme tu veux que ça va t’emballer, je sais que tu aimerais m’avoir à ton bras pour te vanter. »

C’est peut-être à son égo que ça ferait du bien. Pourtant, dans 10 minutes tout au plus, Lawrence allait passer par cette porte et ne pas se retourner. De toute la soirée, il ne chercherait pas le regard de l’autre homme. Ni même simplement voir sa silhouette. Et il allait devoir faire un gros effort pour résister !

Malgré un geste esquissé pour le repousser, Lawrence se laisse un peu apprivoiser, acceptant cette étreinte plus tendre après l’épisode plus brusque qui s’était produit entre eux. Il se love même à sa façon et Ahn Jae ne bouge pas, profitant lui aussi du moment en réalité. Quant à sa modestie :

« Il faut dire les mauvaises mais aussi les bonnes choses non ? »

Et comme Lawrence semblait du genre avare à ce sujet, Ahn Jae se permettait de faire ses insinuations lui-même ! Et le fait était là : Lawrence avait réclamé. Quant à la Crysalis :

« La soirée était prévue assez safe, ce n’était pas ultra nécessaire. Et puis ça aurait été un truc en plus que tu m’aurais reproché au final. »

Donc l’un dans l’autre le manque de Crysalis dans ses veines était plutôt une aubaine en soit. Quant à la peur… ça laisse Ahn Jae pensif alors qu’il passe le bout de ses doigts dans le dos de son amant, observant le plafond ouvragé.

« J’aime l’idée que c’est ce dont je donne l’air en tout cas. »

Mais la vérité était différente. Il avait peur de bien des choses, comme tous les hommes… Sans sous-estimer ses forces mais sans surestimer ses faiblesses non plus. Ho ça lui arrivait, c’était humain… Mais cette conscience du risque, ce sentiment de peur, c’était ce qui lui permettait d’être prudent au moins, même s’il n’en donnait pas forcément l’impression à Lawrence, vu son comportement. La vérité :

« J’ai toujours assez bien su lire les gens. »

Il ne l’expliquait pas, c’était comme ça. Une sorte de don un peu bizarre. Il repérait la gêne, le désire, le plaisir… Il devinait les petites bassesses et les grandes hontes. Pas qu’il soit capable de « lire » tout le monde ou de faire un sans fautes dans une foule… Mais il se débrouillait bien. Assez pour avoir pu lire ce « truc » chez Lawrence qui lui avait permis de mettre les pieds dans le plat comme un gros lourd. Lawrence avait eu besoin de ça pour s’abandonner…

Bref. Ahn Jae rebranche sur son amant, éclatant de rire à cette histoire de femme dans chaque port… Voir plusieurs !

« Si peut-être. J’ai pas mal de conquêtes. Certaines que je vois de temps en temps, d’autres juste une fois. Quand mon emploi du temps me le permet. Je suis un insatiable malheureusement très mal lotis. Mais pas un infidèle même si ça pourrait le laisser croire. Si on me demande une forme d'exclusivité et qu'on est prêt à me satisfaire moi aussi, je peux prêter allégence. »

A méditer. Il avait un chez lui qui vendait rarement du rêve à ses conquêtes… Peu de temps à leur accorder le soir venu… Et plutôt très demandant dans l’intimité, avec des goûts « originaux », tout ça. Curieusement ça lui donnait tout un vivier parmi lequel se régaler… Il faut dire que les « vrais » dominateurs qui n’oubliaient pas pour autant le respect et le plaisir de l’autre étaient en général moins nombreux que ceux qui cherchaient à se soumettre. Enfin bref… Tout ça pour dire que pour lui « se revoir » n’était pas incompatible avec le fait de ne pas se passer la bague au doigt quoi.

« Toi tu as plutôt l’air du genre à n’avoir aucun port. »

Ce n’était même pas une question. Juste une constatation. Quoi qu’il en soit Lawrence se remet finalement debout, se rhabille… Et Ahn Jae le regarde faire avec un plaisir non dissimulé, plus amusé par son excès d’orgueil qu’autre chose !

« Les deux m’emballent. »

Il n’avait pas de honte à s’affiche s’il le pouvait, lui ! Et quelque chose lui disait que de manière inavouée, Lawrence ne détesterait pas forcément non plus… Mais ils auraient peut-être l’occasion d’en reparler, un jour… Et même Ahn Jae ne pouvait pas deviner que des années plus tard, leur relation serait plus étroite, intimiste et exclusive. Clairement il ne pouvait pas tout lire, surtout pas l’avenir.